samedi 13 février 2010

Côtes d'Armor: rochers bizarres, rochers mystérieux et jungle secrète

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Photo n°4
Locquémeau - Pointe de Séhar
A moins d'y être passé un jour (en voyage de noce par exemple), c'était très difficile de localiser cet endroit.
Même en faisant chauffer les moteurs de recherche à la limite de la combustion, on ne trouve pas de photos suffisamment ressemblante à la nôtre.
Seule cette photo pouvait y faire penser.




photo André Landes


Donc, vous vous doutez bien que les touristes ne s'y déversent pas par cars entiers pour bronzer là-dessus.
Il était temps de remédier à ce manque d'intérêt: regardez ces rochers bizarres...





Il faut dépasser Locquémeau par la route inquiétante qui longe le Léguer et s'aventurer jusqu'à la pointe de Séhar pour découvrir ces rochers très particuliers, hérissés comme des crocs, noirâtres et troués comme de la mie de pain brulée.
L'ancien nom breton de l'endroit est "Beg sec'h" ce qui signifie: pointe sèche.

La maison que l'on aperçoit au loin n'était pas d'un grand secours, hélas: sur notre photo on voyait un toit de tuile comme sur cet autre cliché...



photo "Patrimoine région Bretagne"


... mais sur l'autre versant c'est un toit d'ardoises!

photo "Patrimoine région Bretagne"

????? Avons nous la berlue?

Un léger malaise commence à s'installer, d'autant que la nuit tombe et que les goélands tournoient au-dessus de nos têtes en poussant d'affreux hurlements.
Arrhhh, non! On se casse de là, ça craint!..
Calmons nous, calmons nous, CAL-MONS-NOUS! (deux baffes si nécessaire...).

Le paysage est fait de roches métamorphiques (des micaschistes) et non de matière vénéneuse. Quant à la maison, elle a d'abord été une crêperie "Au gouter breton de Locquémeau" vers 1900, puis un chantier naval à partir des années 30.




photo "Patrimoine région Bretagne"

Et voilà, ce n'était pas le bout du monde à cette époque.




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Photo n°5
Trégastel - Ile Renote
Il suffit de tapoter "rochers curieux en Bretagne" pour arriver sur un grand nombre de sites qui parlent de la Côte de granit rose; on peut s'y perdre.
Mais dès la première page, on arrive sur le très pointu "Site géologique et minéralogique de Bretagne" et en le parcourant, on arrive rapidement sur cette page:







Nos rochers!

C'était LE site à trouver, parce que des rochers curieux, il y en a des centaines entre Trégastel et Ploumanac'h, bien plus célèbres que ces deux là: le Dé, la Bouteille, la Sorcière, le Champignon, etc...

Mais là où vous allez être écœurés, c'est que sur la même page, la réponse exacte était là... un peu plus haut.





On ne vous demandait pas le nom de ces rochers.
A notre connaissance ils n'ont pas été baptisés, aussi nous les désignons (pour notre usage personnel) par le nom de "Mystères" à cause de leur ressemblance évidente avec les petites boules glacées granitées (plusieurs parfums).




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Photo n°6
Jardin de Kestellic - Plouguiel

Encore une vue sur laquelle on identifie à peine la Bretagne.
Le surplomb sur la rivière du Jaudy est par endroits vertigineux (environ 50 mètres) et la végétation n'est pas typiquement bretonne.






En plus, la légère brume dans le lointain empêche de distinguer la flèche de la cathédrale de Tréguier.
Pourtant, on la voyait un peu...




... avant d'être obligés de compresser la photo pour que le blog la digère.

Récemment, nous avons découvert que le célèbre graveur Henri Rivière a représenté le même point de vue: la litho date de 1897 et s'intitule sobrement "le fleuve".



Mais pour nous il ne fait aucun doute qu'il s'agit bien du même endroit. On y voit bien mieux la ville de Tréguier que sur notre photo.



On voit aussi un îlot planté de peupliers qui a disparu depuis (mais dont on voit très bien la trace sur Google map dans la transparence cristalline des eaux du Jaudy).
Que s'est-il passé entre-temps?
En fait, il faut remonter à 1880, c'est à dire 17 ans avant la parution de la lithographie de Henri Rivière. Cette année là, un certain Monsieur Talibart fait une escale forcée à cet endroit. Il revient de Constantinople avec son bateau et dans ce cas la quarantaine est obligatoire à cette époque. Apparemment, il s'y trouve si bien qu'il décide de faire l'acquisition de ce terrain: de grands travaux sont lancés rapidement afin d'y construire une résidence estivale et un jardin munificent (comme cela se faisait beaucoup à la fin du XIX°). Mais sur la lithographie, 17 ans plus tard, ces travaux ne sont pas encore très apparents (sauf le chemin de halage?, on ne sait pas). En tous cas la culture de la patate y a encore sa place.
Le jardin de Kerdalo, plus médiatisé peut-être, et plus récent, se situe à un jet de pierre sur l'autre rive.
Voici un petit extrait d'un documentaire consacré au jardin de Kestellic, à voir en cliquant sur ce lien ("l'étiquette productions").

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